OKC et le Bouddhisme Tibétain : Une Légitimité Bâtie sur le Silence des « Grands Maîtres »

Table des matières

Présentation

Contexte

La dérive sectaire Ogyen Kunzang Chöling (OKC) a bénéficié d’une légitimité considérable, en grande partie grâce à ses liens étroits avec des figures influentes du bouddhisme tibétain. 

Ces connexions, qu’elles soient le fruit de collaborations directes ou d’une reconnaissance implicite, ont contribué à l’image respectable de l’organisation, notamment à travers les visites de grands maîtres dans les centres bouddhistes de la OKC. 

Des personnalités comme Matthieu Ricard et son Maître Rabjam Rinpoché (Directeur Spirituel de la OKC de 1996 à 2023), ou même le Dalaï-Lama via ses attestations de légitimité de 1994, ont participé à cet halo de respectabilité, conférant à la OKC une crédibilité qui a séduit de nombreux adeptes, sans que l’on questionne véritablement ce qui se passait en coulisses.

Cependant, à partir de 1997, lorsque des poursuites judiciaires commencent à être intentées contre Robert Spatz et la communauté pour abus sexuels, violences et détournements, un silence assourdissant émerge du côté des grandes références du bouddhisme tibétain. 

Alors même que des plaintes claires (1997) et des récits de victimes (2010, 2017) commencent à circuler, peu de maîtres se sont exprimés publiquement, et ceux qui l’ont fait, comme Matthieu Ricard, Jigmé Khyentsé Rinpoché ont choisi de minimiser l’affaire ou de se distancer complètement. 

Ce manque de réaction a offert une couverture tacite à l’organisation OKC, permettant à Robert Spatz de continuer à exercer son pouvoir sans remise en question significative. (encore aujourd’hui)

Entre le moment où les autorités du bouddhisme tibétain sont informées des dérives criminelles de la OKC (1997 puis 2010) et les réactions très tardives qui n’ont véritablement émergé qu’en 2023, avec la diffusion du documentaire Bouddhisme, la Loi du silence, près de trois décennies se sont écoulées. Durant cette période, ces promoteurs de l’altruisme et de l’éthique n’ont jamais réellement pris position, ne se questionnant pas sur leur rôle ou sur l’impact de leur silence face aux crimes commis au sein de la OKC. 

Ce silence a profondément renforcé la légitimité de la communauté aux yeux des adeptes et de la société, en masquant la réalité des abus, ce qui a permis aux dérives de perdurer et à l’OKC d’utiliser cette légitimité en tribunal, avec des documents à l’appui, inclus des emails privés. 

Cette légitimité, acquise indirectement par l’absence de dénonciation de la part des figures influentes du bouddhisme tibétain, et directement par leurs interactions avec la OKC, a permis à l’organisation de maintenir son aura de respectabilité. 

En s’abstenant d’intervenir, ces personnalités ont involontairement renforcé l’emprise de Spatz sur ses victimes et sur la communauté, montrant à quel point le silence, dans ce contexte, a été complice des abus systématiques.